VIral • V1 • 2021
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VIral • V1 • 2021 •
Viral
Version Nanterre Amandiers
Le travail sur VIRAL à Nanterre-Amandiers, dans sa première version, s’inscrivait dans une démarche où l’espace devenait une matière vivante et mouvante. Dès l’arrivée du public, j’ai voulu instaurer une atmosphère de mystère et de désorientation en travaillant sur un espace enfumé, accentuant les jeux de lumière et les contours flous des couloirs de pendillons noirs qui guidaient les spectateurs vers le cœur du dispositif.
Ces couloirs labyrinthiques, plongés dans une pénombre dense et habités par des jeux d’ombres mouvantes, désorientaient volontairement le public. L’objectif était de faire ressentir une perte progressive de repères, en écho à la question fondamentale du texte de Bruno Latour, Où suis-je ?. Ce cheminement devenait une première étape, à la fois sensorielle et symbolique, dans l’exploration des espaces microbiens et invisibles que la performance cherchait à incarner.
Au bout de cette déambulation, le public découvrait un cylindre de tulle blanc, suspendu au centre de la scène. Cette structure délicate et translucide, baignée de projections vidéo immersives, devenait un lieu d’apparition et de transformation. La lumière, réfléchie sur les fibres du tulle, jouait avec les formes projetées pour évoquer des paysages cellulaires et viraux, entre abstraction artistique et figuration scientifique. Le contraste entre le confinement des couloirs noirs et l’ouverture du cylindre blanc créait une transition saisissante, amplifiant l’impact visuel et émotionnel.
L’espace scénique n’était pas seulement un cadre, mais un acteur à part entière. En dévoilant progressivement la machinerie théâtrale – notamment lorsque les pendillons noirs étaient échappés dans les cintres – j’ai cherché à mettre en lumière le théâtre comme une “machine à représenter”. Cette déconstruction culminait avec l’ouverture du rideau de fer, dévoilant une salle vide dans laquelle flottait un nuage suspendu, baigné par une chanson inédite de Grian Chatten. Ce moment final, poétique et suspendu, invitait à une contemplation silencieuse, presque méditative.
Le choix du tulle (ré-emplois), matériau à la fois poreux et fragile, symbolisait les frontières floues entre l’intérieur et l’extérieur, entre le visible et l’invisible. L’espace enfumé des couloirs, la matérialité du cylindre et la révélation de la salle vide s’articulaient pour créer une expérience à plusieurs strates, où le spectateur devenait lui-même une partie intégrante du dispositif.
Pour moi, VIRAL était un exercice de transformation de l’espace en un langage scénographique, une exploration des limites de la perception. Ce projet, marqué par une forte interaction entre lumière, son et vidéo, a posé les bases d’un dialogue entre la dramaturgie et l’espace scénique, ouvrant la voie aux adaptations futures au sein de la Trilogie Terrestre.
The work on VIRAL at Nanterre-Amandiers, in its first version, was rooted in an approach where space became a living, dynamic material. From the audience’s arrival, I aimed to create an atmosphere of mystery and disorientation by working with a smoke-filled environment that enhanced light effects and blurred the contours of black drapery corridors guiding spectators toward the heart of the setup.
These labyrinthine corridors, immersed in dense shadow and animated by shifting plays of light and shadow, deliberately disoriented the audience. The goal was to evoke a gradual loss of bearings, echoing the fundamental question posed by Bruno Latour’s text, Where Am I?. This journey became a sensory and symbolic initiation into the exploration of microbial and invisible spaces that the performance sought to embody.
At the end of this passage, the audience discovered a white tulle cylinder suspended at the center of the stage. This delicate, translucent structure, bathed in immersive video projections, served as a space for appearances and transformations. Light reflecting off the tulle fibers interacted with the projected forms to suggest cellular and viral landscapes, balancing artistic abstraction with scientific figuration. The contrast between the confinement of the dark corridors and the openness of the white cylinder created a striking transition, amplifying the visual and emotional impact.
The stage space was not merely a backdrop but an active participant. By gradually revealing the theatrical machinery—particularly as the black drapery was lifted into the fly system—I sought to illuminate the theater as a “representation machine.” This deconstruction culminated in the opening of the fire curtain, revealing an empty hall where a suspended cloud floated, enveloped in soft light and accompanied by an original song by Grian Chatten. This final moment, poetic and suspended, invited silent, almost meditative contemplation.
The choice of tulle, a material both porous and fragile, symbolized the blurred boundaries between interior and exterior, visible and invisible. The smoky corridors, the materiality of the cylinder, and the unveiling of the empty hall combined to create a multi-layered experience in which the audience became an integral part of the setup.
For me, VIRAL was an exercise in transforming space into a scenographic language, an exploration of the limits of perception. This project, marked by a strong interaction between light, sound, and video, laid the groundwork for a dialogue between dramaturgy and scenic space, paving the way for future adaptations within La Trilogie Terrestre.
Diffusion :
• La création de VIRAL au Théâtre Nanterre-Amandiers était initialement prévue du 15 au 17 avril 2021. Cependant, en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, ces représentations ont été annulées.
Crédits :
Texte : Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Concept & Mise en scène : Frédérique Aït-Touati
Scénographie, vidéo et lumières : Patrick Laffont de Lojo
Musique originale : Grian Chatten
Interprétation : Duncan Evennou, Emanuele Coccia, Marion Albert, Ikram Benchrif, Stéfany Ganachaud, Paul Girard
Dramaturgie : Camille Louis
Collaboration scientifique : Déborah Bucchi
Production : Compagnie Zone Critique
Coproduction : Théâtre Nanterre-Amandiers,
Soutiens : Fondation Carasso, DICRéAM
Première représentation (restrictions sanitaire) : 15 avril 2021, Théâtre Nanterre-Amandiers
Synthesis Notice
Title of the Work: VIRAL
Year: 2021 (Creation)
Text: Bruno Latour, Nikolaj Schultz & Emmanuele Coccia
Direction: Frédérique Aït-Touati
Set Design, Video, and Lighting: Patrick Laffont de Lojo
Original Music: Grian Chatten
Performance: Duncan Evennou, Emanuele Coccia, Marion Albert, Ikram Benchrif, Stéfany Ganachaud, Paul Girard
Dramaturgy: Camille Louis
Scientific Collaboration: Déborah Bucchi
Medium: Performance incorporating immersive scenography, video projections, music, and interactive staging.
Materials:
• A low platform covered with repurposed textiles from the unplugged versions of INSIDE and Moving Earths, serving as an intimate stage.
• A suspended tulle cylinder, manipulated to retract into the fly system during the performance.
• Curtain panels on rails, controlled live by the technical crew to reshape the scenic space dynamically.
• Video projections embedded within the dramaturgy to explore themes of viral interactions and living networks.
• Immersive sound system and original musical compositions.
Description:
Premiering in 2021 at Théâtre Nanterre-Amandiers, VIRAL delves into viral processes as a driving force of life while addressing contemporary ecological crises. The performance interrogates humanity’s fascination with Mars, a dead planet, reflecting our collective aspirations and contradictions.
The scenic space centers on a low platform designed as a shared surface for performers and scenographic elements. Enclosed initially by a tulle cylinder, this space opens progressively as the cylinder retracts, symbolizing the deconstruction of boundaries between intimacy and vastness.
Dynamic transformations of the space occur through live manipulation of curtain panels, creating a labyrinthine effect that continuously evolves. Smoke rising beneath the platform envelops the audience, disorienting spatial perception and deepening immersion.
The performance culminates in the reveal of the theater’s vast stage as the fire curtain lifts, exposing empty seating bathed in soft light. A floating cloud inhabits this space, accompanied by Grian Chatten’s song Till the End, delivering a striking image of fragility and beauty.
Commission and Production:
• Commissioned by: Théâtre Nanterre-Amandiers
• Produced by: Zone Critique
• Support: Fondation Carasso, DICRéAM
Provenance:
Created for Théâtre Nanterre-Amandiers and later integrated into La Trilogie Terrestre.
Notice de synthès
Titre de l’œuvre : VIRAL
Année : 2021 (Création)
Texte : Bruno Latour, Nikolaj Schultz & Emmanuele Coccia
Mise en scène : Frédérique Aït-Touati
Scénographie, vidéo et lumières : Patrick Laffont de Lojo
Musique originale : Grian Chatten
Interprétation : Duncan Evennou, Emanuele Coccia, Marion Albert, Ikram Benchrif, Stéfany Ganachaud, Paul Girard
• Dramaturgie : Camille Louis
• Collaboration scientifique : Déborah Bucchi
Médium : Performance intégrant scénographie immersive, projections vidéo, musique et interaction scénique.
Matériaux :
• Plateforme basse recouverte de textile réemployé des versions unplugged d’INSIDE et Moving Earths, servant de scène intime.
• Cylindre de tulle suspendu, manipulé pour se rétracter dans les cintres au fil de la performance.
• Pendrillons sur rails, gérés en direct par une équipe technique pour remodeler l’espace scénique.
• Projections vidéo intégrées dans la dramaturgie, explorant la viralité et les interrelations vivantes.
• Système sonore immersif et créations musicales.
Description :
Créée en 2021 au Théâtre Nanterre-Amandiers, VIRAL explore la viralité comme force motrice du vivant et les tensions écologiques contemporaines. Ce spectacle questionne la fascination pour Mars, cette planète morte, comme miroir de nos espoirs et de nos contradictions.
L’espace scénique s’articule autour d’une plateforme basse, pensée comme une assise collective qui accueille à la fois les interprètes et des éléments scénographiques. Le cylindre de tulle, initialement clos autour de cet espace, se rétracte progressivement dans les cintres, symbolisant la déconstruction des frontières entre l’intime et l’immense.
Les pendrillons, manipulés en direct, redessinent continuellement l’espace, créant une impression de labyrinthe en perpétuelle transformation. La fumée s’élevant sous la plateforme enveloppe les spectateurs et brouille les repères spatiaux, amplifiant l’immersion.
Le final dévoile l’immense plateau du théâtre dégagé, lorsque le rideau de fer s’ouvre sur les gradins vides baignés d’une lumière douce. Un nuage flotte dans cet espace désert, accompagné de la chanson Till the End de Grian Chatten, offrant une image saisissante de fragilité et de beauté.
Commande et production :
• Commande : Théâtre Nanterre-Amandiers
• Production : Zone Critique
• Soutiens : Fondation Carasso, DICRéAM
Provenance :
Création pour le Théâtre Nanterre-Amandiers, intégrée ensuite à la Trilogie Terrestre.