Depuis longtemps, j’intègre l’archivage à ma pratique artistique, non pas comme un simple outil de documentation, mais comme une manière de prolonger et de transformer les projets. Avec Moving Earths, cette démarche s’est approfondie. Lors de la première représentation au Théâtre Nanterre-Amandiers, j’ai mis en place une captation à trois caméras pour documenter ce moment inaugural. Il ne s’agissait pas seulement de conserver une trace, mais de capturer une matière qui puisse être réinterrogée.

Nous devions présenter Moving Earths à la Biennale de Taipei en novembre 2020, avec Duncan Evennou comme interprète. Mais la pandémie et les restrictions sanitaires ont conduit à l’annulation de cette représentation. Frédérique Aït-Touati m’a alors proposé de repenser les images de la captation pour créer une œuvre autonome. Ce travail a donné naissance à une installation vidéo en triptyque, conçue pour recréer, sous une autre forme, la richesse et la multiplicité des regards propres à la scène. Trois perspectives étaient projetées simultanément : une vue d’ensemble du plateau, un plan rapproché sur la table centrale, et une caméra intégrée au dispositif scénique, captant cette table comme un espace de réflexion incarné. Présentée dans une salle dédiée lors de la Biennale, cette installation offrait une immersion complète, où chaque spectateur pouvait choisir son point de vue.

Lors du vernissage virtuel de l’exposition Critical Zones au ZKM en 2020, j’ai créé une version filmique adaptée à un écran unique. Ce montage condensait les perspectives pour répondre aux contraintes techniques de la diffusion en ligne, tout en restant fidèle à l’esprit du projet. Cette version filmique a ensuite été présentée à NYU Shanghai en août 2024, dans le cadre d’un programme croisant art et écologie.

Ce projet m’a permis d’interroger non seulement le rôle de l’archive, mais aussi les conditions de production et de diffusion des œuvres scéniques. Chaque lieu et chaque contexte ont nécessité une collaboration étroite avec les ressources humaines et techniques disponibles, tout en minimisant l’impact matériel. Ces déclinaisons en triptyque et en version filmique prolongent le dialogue porté par Moving Earths, en explorant comment une pensée complexe peut être traduite visuellement et adaptée à différents environnements.

For a long time, I have integrated archiving into my artistic practice, not merely as a documentation tool, but as a way to extend and transform projects. With Moving Earths, this approach deepened further. During the first performance at Théâtre Nanterre-Amandiers, I organized a three-camera recording to document this inaugural moment. This wasn’t just about preserving a record but about capturing material that could be revisited and reinterpreted.

We were scheduled to present Moving Earths at the Taipei Biennial in November 2020, with Duncan Evennou as the performer. However, the pandemic and health restrictions led to the cancellation of this performance. Frédérique Aït-Touati then proposed that I rethink the footage to create an autonomous work. This process resulted in a video triptych installation designed to recreate, in a different form, the richness and multiplicity of perspectives inherent to the stage. Three views were projected simultaneously: an overall view of the stage, a close-up of the central table, and a camera embedded in the scenographic setup, capturing the table as a space of embodied reflection. Presented in a dedicated room during the Biennial, the installation offered an immersive experience, allowing each spectator to choose their perspective.

During the virtual opening of the Critical Zones exhibition at ZKM in 2020, I created a filmic version adapted to a single screen. This edit condensed the perspectives to meet the technical constraints of online broadcasting while remaining true to the spirit of the project. This filmic version was later presented at NYU Shanghai in August 2024, as part of a program exploring the intersection of art and ecology.

This project allowed me to question not only the role of the archive but also the conditions of production and dissemination of stage works. Each venue and context required close collaboration with the available human and technical resources while minimizing material impact. The triptych and filmic adaptations extend the dialogue initiated by Moving Earths, exploring how complex thought can be visually translated and adapted to diverse environments.

Titre de l’œuvre : Moving Earths – Version Triptyque Vidéo

Année : 2020

Artistes :

• Texte et concept du spectacle : Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati

• Conception, images et montage vidéo pour la version triptyque : Patrick Laffont de Lojo

Médium : Installation vidéo triptyque

Matériaux :

• Captation vidéo (HD) à trois caméras réalisée lors de la création au Théâtre Nanterre-Amandiers

• Bande sonore issue de la performance, réadaptée pour l’installation

• Projections synchronisées sur trois écrans

Dimensions : Adaptables selon les espaces d’exposition

Description :

La version triptyque vidéo de Moving Earths, créée pour la Biennale de Taipei 2020, transforme les captations de la conférence-performance en une œuvre immersive. Les trois perspectives — une vue d’ensemble du plateau, un plan rapproché sur la table centrale, et une caméra intégrée au dispositif scénique — offrent une expérience multisensorielle, permettant au spectateur de choisir son point de vue, à l’image d’un public au théâtre.

Expositions et diffusions :

• Biennale de Taipei 2020 (You and I Don’t Live on the Same Planet) – 21 novembre 2020 - 14 mars 2021

• Centre Pompidou-Metz (Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète) – 6 novembre 2021 - 4 avril 2022

• ZKM | Zentrum für Kunst und Medien Karlsruhe – 19 - 21 novembre 2020 – Projection de la version triptyque dans le cadre de l’événement Driving the Human – Détails

Commande et production :

• Commande : Zone Critique, Biennale de Taipei

• Réalisation technique : Patrick Laffont de Lojo

Title of the Work:Moving Earths – Video Triptych Version

Year: 2020

Artists:

• Text and concept of the performance: Bruno Latour and Frédérique Aït-Touati

• Design, video imagery, and editing for the triptych version: Patrick Laffont de Lojo

Medium: Video triptych installation

Materials:

• Three-camera video recording (HD) captured during the creation at Théâtre Nanterre-Amandiers

• Soundtrack adapted from the live performance

• Synchronized projections on three screens

Dimensions: Adaptable to exhibition spaces

Description:

The video triptych version of Moving Earths, created for the 2020 Taipei Biennial, transforms the recordings of the conference-performance into an immersive artwork. The three perspectives—an overall stage view, a close-up of the central table, and a camera embedded within the scenographic setup—offer a multisensory experience, allowing the audience to choose their viewpoint, much like spectators in a theater.

Exhibitions and Screenings:

• 2020 Taipei Biennial (You and I Don’t Live on the Same Planet): November 21, 2020 - March 14, 2021

• Centre Pompidou-Metz (You and I Don’t Live on the Same Planet): November 6, 2021 - April 4, 2022

• ZKM | Center for Art and Media Karlsruhe: November 19-21, 2020 – Screening of the triptych version as part of the event Driving the Human

Commission and Production:

• Commissioned by:Critical Zones, Taipei Biennial

• Technical production: Patrick Laffont de Lojo