D—dream
-
2011
Série photographique — Photographies numériques – Impression jet d’encre pigmentaire sur papier Hahnemühle
Format : 60 × 80 cmCommande de La Garance – Scène nationale de Cavaillon
Production : Collectif MxM en résidence (2011–2013)
-
2011
Photographic series — Digital photographs – Pigment inkjet print on Hahnemühle paper
Format: 60 × 80 cmCommissioned by La Garance – Scène nationale de Cavaillon
Production: Collectif MxM in residence (2011–2013)
-
Cette série photographique a été réalisée dans le cadre d’une commande de La Garance – Scène nationale de Cavaillon, pendant la résidence du Collectif MxM (2011–2013).
D—DREAM trouve son origine dans une collection personnelle de photographies de panneaux publicitaires vides, glanés au fil des routes. Ces cadres abandonnés, vidés de leur message, m’évoquaient quelque chose de plus profond : le silence d’un lieu, la trace d’une adresse disparue, une sorte de mémoire latente du regard.
À partir de cette intuition, j’ai conçu une série d’images sur les routes départementales du Vaucluse. J’ai photographié des panneaux routiers — ceux qui indiquent habituellement le nom d’un village ou le numéro d’une route — en remplaçant leur contenu par l’exacte portion de paysage qu’ils surplombent.
Le résultat est un glissement subtil : le panneau ne désigne plus, il disparaît dans ce qu’il encadre. Le langage s’efface. L’environnement reprend sa place. Ce n’est plus un outil d’orientation mais un fragment de terrain qui s’observe lui-même, une boucle visuelle qui suspend le sens.
Ces panneaux deviennent alors des cadres poreux, des seuils entre le visible et le lisible. Ils n’instruisent plus, ils dérivent. Ils renvoient à une attention flottante, à un regard détaché des usages.
En retirant les repères qui fixent les lieux, D—DREAM ne produit pas une perte mais une ouverture. Le territoire n’est plus assigné : il devient répétition, présence, attention. Comme un rêve du paysage lui-même, ou un inframince du réel, selon l’invitation de Georges Perec à observer l’infra-ordinaire — ce qui est là, juste là, sans chercher à se montrer.
-
This photographic series was commissioned by La Garance – Scène nationale de Cavaillon, during the residency of Collectif MxM (2011–2013).
D—DREAM emerged from a personal collection of photographs of empty billboards — blank metal frames left standing by the roadside, stripped of any message. These ghostly supports, no longer speaking, began to evoke something else: a presence, a kind of suspended memory, a fragment of attention left behind.
Following that intuition, I created a new body of work based on departmental road signs across the Vaucluse region. Typically used to indicate town names or route numbers, these signs were altered: their inscriptions replaced by precise reproductions of the landscape behind them.
The result is a subtle displacement — the sign no longer points to anything, but melts into the very thing it was meant to frame. Language vanishes. The environment takes over. The road sign becomes a fragment of terrain watching itself, a visual echo that suspends meaning.
These signs become porous thresholds, not tools for orientation, but points of quiet drift. They reflect a gaze detached from use, a moment where function dissolves into perception.
By removing the markers that usually assign identity to places, D—DREAM does not erase meaning — it opens it up. The landscape is no longer designated: it becomes repetition, presence, and attention. As if the land were dreaming itself, or as if the ordinary had thinned just enough to be noticed.
This work echoes Georges Perec’s call to observe the infra-ordinary — not what happens, but what insists, what remains, quietly, in the frame.