Présentée du 1er au 3 décembre 2005 à Marseille dans le cadre de Marseille Objectif Danse, FRAGMENTS #1 est une pièce plastique qui explore un univers morcelé et imaginaire, où le discontinu devient un outil pour interroger la perception. Conçue à La Seita – La Friche Belle de Mai, cette création s’appuie sur une collaboration étroite entre la danse, la musique et la vidéo pour offrir une expérience sensorielle qui met en lumière la relation entre les fragments et le tout.

La pièce repose sur l’idée de capturer des instants éphémères – un flash, un geste, une intention – qui, bien que brefs, marquent durablement la mémoire. Ces fragments, qu’ils soient visuels, sonores ou corporels, se présentent comme des éclats isolés que l’imagination tente de reconstituer. Plutôt que d’offrir un récit linéaire, FRAGMENTS #1 invite le spectateur·rice à tisser sa propre interprétation, en naviguant entre ce qui est montré et ce qui reste suggéré.

Mon rôle dans ce projet a été de concevoir le dispositif vidéo-scénographique, une composante essentielle de cette exploration artistique. La vidéo, loin de se limiter à un rôle illustratif, a été pensée comme une matière vivante et dynamique, interagissant constamment avec les danseur·ses et la musique. J’ai travaillé à fragmenter les images en boucles, ralentis et projections diffuses, créant un environnement visuel où les traces et les persistances jouent un rôle central. Ces images, projetées sur des écrans stratégiquement intégrés à la scénographie, entraient en résonance avec les mouvements des interprètes, amplifiant l’effet d’un espace discontinu et fragmenté.

La collaboration avec Jean-Marc Montera pour le dispositif sonore a été un élément clé dans l’unité de l’œuvre. Sa musique, mêlant minimalisme et saturation, renforçait les tensions entre éphémère et permanence. De même, les performances des danseur·ses – Fabien Almakiewicz, Inés Hernandez et Michèle Ricozzi – ont donné corps à ces fragments, explorant par leurs mouvements les ruptures et les continuités.

Cette pièce a également été documentée par une captation vidéo réalisée par Stephan Chevazic (Digital Production), qui a permis de préserver l’intensité des interactions entre les corps, les sons et les images. FRAGMENTS #1 reste pour moi une œuvre marquante, non seulement en raison de son ambition technique et esthétique, mais aussi par la manière dont elle invite à repenser la relation entre le fragment et le tout. Loin d’être un simple assemblage d’éléments isolés, cette pièce propose une réflexion sur la manière dont l’imagination peut donner du sens à l’éclatement, transformant le discontinu en une expérience profondément unifiée.

Premiered from December 1–3, 2005, at Marseille Objectif Danse, FRAGMENTS #1 is a visual piece that explores a fragmented and imaginary universe, where discontinuity becomes a tool for examining perception. Created at La Seita – La Friche Belle de Mai, this work was built on a close collaboration between dance, music, and video to offer a sensory experience that highlights the relationship between fragments and the whole.

The piece focuses on capturing fleeting moments—a flash, a gesture, an intention—that, while brief, leave a lasting impression on memory. These fragments, whether visual, sonic, or physical, present themselves as isolated shards that the imagination seeks to piece together. Rather than providing a linear narrative, FRAGMENTS #1 invites the audience to create their own interpretation, navigating between what is shown and what is implied.

My role in this project was to design the video scenography, a crucial component of this artistic exploration. The video was not simply illustrative but conceived as a living, dynamic material that continuously interacted with the performers and the music. I worked on fragmenting the imagery through loops, slow motion, and diffuse projections, crafting a visual environment where traces and afterimages played a central role. These projections, integrated into the scenography through carefully positioned screens, resonated with the performers’ movements, enhancing the sense of a fragmented and disjointed space.

The collaboration with Jean-Marc Montera for the sound design was essential in unifying the piece. His music, blending minimalism with saturation, heightened the tension between the ephemeral and the permanent. Similarly, the performances by dancers Fabien Almakiewicz, Inés Hernandez, and Michèle Ricozzi embodied these fragments, exploring ruptures and continuities through their movements.

The work was documented through a video recording by Stephan Chevazic (Digital Production), capturing the intensity of the interactions between bodies, sound, and images. FRAGMENTS #1 remains a significant work for me, not only because of its technical and aesthetic ambition but also for the way it invites us to rethink the relationship between fragments and the whole. Far from being a mere assembly of isolated elements, this piece offers a reflection on how imagination can create meaning from fragmentation, turning discontinuity into a profoundly unified experience.