DANSE AVEC ELLE
Michèle Bargues - Portrait séquencé

 
 

PARTIE 1/8

PARTIE 2/8

PARTIE 3/8

 

DANSE AVEC ELLE

Michèle Bargues, c’est tout cela – et plus – et il faut bien 8 séquences à ce film pour faire son portrait.

Juin 2018. Nous échangeons Michèle et moi sur sa vie et son histoire. Je lui propose assez naturellement de la filmer selon un protocole simple et un dispositif léger.

L’idée plaît à Michèle et nous convenons d’une première date de tournage, pour essayer, avec l’idée que cela pourrait être la seule.

À l’issue de ce premier rendez-vous, nous avons décidé de continuer.

Dix rencontres se sont ainsi succédées chez Michèle pendant l’été 2018.

J’ai ensuite travaillé avec Anna Frandsen qui m’a aidé à faire un découpage très précis de l’ensemble des rushs.

La production d’un film étant une affaire complexe, j'ai mis le projet en attente le temps de trouver de nouvelles idées pour le finaliser.

En fait, depuis 2018, rien n’a bougé jusqu’à ce moment si particulier que nous traversons tous. Les mots de Bruno Latour sur la redéfinition de nos moyens de production m’ont conduit à cette évidence que je devais modifier ma réflexion sur ce film.

Mon étonnement premier était la richesse de ces entretiens, la beauté des silences, le temps pris par nos échanges et mon incapacité à m’en affranchir.

Et il m'est apparu qu’il fallait que je préserve absolument cette parole, son flux, sa justesse et ce plaisir que nous avons partagés. Qu'il fallait laisser respirer la parole et lui donner le temps.

Plusieurs séquences – qui n’auront pas forcément la même durée – seront réalisées au fur et à mesure, le plus simplement qui soit. J’ai décidé de faire un film qui respecte la chronologie du tournage sans chercher à isoler les thématiques abordées.

En conclusion de son article, Bruno Latour propose de répondre a un questionnaire qui commence ainsi : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ? Une de mes réponses – en dehors des voitures qui ne manquent pas dans nos rues, devenues si belles et pleines de chants d’oiseaux – est que je me passe très bien des dossiers à remplir, des démarches à entreprendre et des rendez-vous à organiser pour trouver des moyens de production. Et que je voudrais revenir aux fondamentaux du travail de l'artiste qui, dans l’espace de son atelier, épuise son sujet et peut alors se saisir de ce qu’il éprouve pour créer, dans la simplicité et la spontanéité.

Quand nous avons commencé, Michèle et moi en 2018, j’ai pris ma caméra, défini mon sujet et nous nous sommes mis au travail. Simplement.

Je ne remets pas en question la production audiovisuelle dans son ensemble, mais dans le contexte si particulier que nous connaissons, tirant parti du temps gagné sur les trajets, j’ai entrepris de travailler à la première séquence de ce film sans savoir quand ni comment je pourrai continuer. Mais avec le plaisir absolu de pouvoir enfin partager cette parole, cette histoire, cette odyssée au féminin.